¤ Fic validée par ¤ Un binôme sur Sekunde
¤ Titre ¤ Bonne année
¤ Résumé ¤ C'est déjà court, si en plus je résume
¤ Warnings ¤ Aucun, rien de très choquant.
Bonne année
« -Moi, ma résolution, c’est d’avoir dans mon lit plus de filles que je n’en ai jamais eues en toute une vie ! »
J’éclate de rire, un rire franc et sincère. Décidément, mon jumeau ne changera jamais…
« -Et toi Bill ? Tu feras quoi en 2008 ?
-Moi ? Eh bien, je pense que je changerai de coiffure. »
Des cris d’admiration fusent autour de moi. Des cris joyeux et innocents. Le champagne continue de remplir les verres continuellement vides, et les filles continuent de se déhancher au rythme de la musique. Tout est normal.
Trop normal.
Alors que j’observe la scène, mon cœur s’éprend de nostalgie en souvenir de l’année écoulée. Je m’en veux de ne pas avoir assez profité des choses qui m’étaient offertes, je m’en veux d’avoir laissé cette année s’envoler si vite. Alors, comme une résolution que je prendrais, je me promets de vivre désormais à la seconde. Plus question de semer les moments de la vie derrière moi tels des cailloux. A partir de maintenant, chaque perle qui tombera de mes yeux, chaque moment de joie qui emprisonnera mon cœur, sera conservé dans un étui de velours, au plus profond de mon esprit.
« -Allez mec, sois pas triste ! Cette année elle sera encore mieux que la précédente, tu verras ! »
Je souris à l’intention de mon jumeau, et rejoins innocemment les autres membres du groupe. Ceux-ci lèvent leurs verres en me regardant.
« -A la nouvelle année !
-A Tokio Hotel et à notre succès ! »
Un sourire joyeux illumine mon visage. Toute trace de nostalgie quitte mon cœur, laissant la place à un optimisme dont je ne me serais jamais cru capable. Je porte le verre à mes lèvres.
Encore trente secondes.Je sens le liquide chaud s’insinuer en moi, tracer son chemin à travers les méandres de mon corps, pour finalement finir sa course au plus profond de mon être.
Encore vingt-cinq secondes.Les gens autour de moi s’agitent, et commencent le décompte, mués dans une joie contagieuse.
Encore vingt secondes.Des petits picotements étranges se logent au creux de mon ventre, mais je n’y prends pas garde, trop occupé à rigoler avec mon jumeau.
Encore quinze secondes.Un feu s’attise dans le gouffre de mon corps, se répandant dangereusement dans tous mes membres. La douleur est extrêmement forte maintenant, je ne peux plus l’ignorer. J’ai l’impression de sentir mes cellules se désintégrer une à une, j’ai l’impression qu’en mon sang persiste une autre substance, une substance meurtrière. Des gouttes de sueur perlent sur mon front déjà humide, des petits tremblements animent ma peau, ça et là. Ma bouche s’assèche, telle une source de vie sous l’effet de la chaleur.
Encore dix secondes. Un puissant mal de tête me prend. Tout tourne autour de moi, tout est instable et incertain. Un combat est en train d’avoir lieu en mon sein. Je ne prends plus garde à rien, j’ignore les questions affolées de mon frère, j’ignore les gens qui continuent à compter leurs pas vers la nouvelle année, en toute insouciance.
Encore cinq secondes.Une drôle de sensation parcoure mon corps. C’est comme si un vampire aspirait mon pouvoir vital, il se penche sur moi, ses crocs sortis, et goûte mon sang déjà brûlant. Je ne me sens plus.
Encore trois secondes.Le Mal, la Mort, prennent lentement le dessus. Je les sens en moi, et pourtant refuse de l’admettre. Mon visage se tord en une grimace figée, douce expression de ma souffrance.
Encore deux secondes.La Vie m’abandonne, comme elle abandonnerait un vieux chien bouffé par les années et la maladie. Kidnappée par la Mort, elle me fait ses adieux, dans un gémissement étouffé.
Encore une seconde.Je m’écroule, mon corps flasque s’écrase à terre dans un silence affligeant par contraste avec le flot de cris qui déferle sur l’assemblée.
« -Bonne année !! Bonne santé !! »
C’est la dernière chose que je peux entendre, puis je m’immobilise à jamais.
**
Un corps qui tombe, des gens joyeux qui crient en l’honneur de la nouvelle année.
Un frère, qui se baisse sur la victime, la peur peut se lire sur son visage.
Un doigt, qui se presse sur l’intérieur d’un poignet.
Une larme, qui se fraie un passage sur une joue en sueur. La tristesse, qui submerge un être.
Un hurlement, poussée de frayeur et d’affliction.
« -A l’aide ! Au secours ! Il respire plus ! »
Des hurlements.
Des mains, qui saisissent l’être tout tremblant et l’emmène loin de la scène.
« -C’est mon frère ! C’est mon frère ! Laissez-moi !! »
Personne ne le laisse. Car tout le monde a compris. Compris que la vie avait quitté un corps, ce soir, à l’aube d’une nouvelle année.
**
Dans l’ombre, un homme. Et un sourire.
Qui se dit que le
timing était excellent. Il est décidément bien le roi de l’organisation, ça ne fait aucun doute.
Il se frotte les mains, satisfaits.
Il voit déjà les gros titres du lendemain : « Le chanteur de Tokio Hotel mort empoisonné au commencement de la nouvelle année ! »
Il a bien joué. Oui, tout a été parfait.
Une pensée de honte s’empare de son esprit, sa conscience hurle, mais il la repousse. Comme pour se justifier, il se murmure à lui-même :
« -Ben quoi, fallait bien relancer un peu les ventes, fallait bien un gros coup de pub… Si j’avais pas fait ça, le groupe n’aurait jamais tenu une année de plus, il fallait choquer l’audimat, absolument. C’était ça ou le chômage. »
Il avait choisi
ça.
Il avait choisi la mort au profit de l’argent, la déchéance au profit de la célébrité. Et personne ne le saurait jamais.
**
« -David !
-Oui, oui, j’arrive, j’arrive ! »