[OS ok] - S'aimer à Mort.

S'aimer à mort.

In mir, wird es langsam kalt...
Du bist alles was ich bin, und alles was durch meine Adern fließt...
Allein, in die nacht.

Je passe le pas de la maison silencieuse et plongée dans la semi-obscurité des volets clos. Une odeur aigre de transpiration me saisit quand j'arrive devant la porte de ma chambre, d'où s'échappent des gémissements mal étouffés. Je me fige, la main sur la poignée. Je sais d'avance ce que je vais trouver. Je devine la forme des deux corps mêlés dans la pénombre. Je me détourne vivement, prise à la fois de nausées et d'un affreux doute. J'ouvre, ou j'ouvre pas. Je me tais et joue le jeu de l'ignorance, ou pas. J'aimerais savoir faire comme si de rien n'était, repartir doucement, sur la pointe des pieds et m'enfuir en courant, jusqu'à ce que cette impression de trahison qui me poisse la peau et le coeur s'envole. Puis revenir, le sourire aux lèvres. Mais je ne sais pas tricher, et c'est trop tard, d'ailleurs, j'ai déjà poussé la porte. Un pas, deux pas. interrupteur. Et la lumière inonde la chambre, renvoyant au placard l'ombre trop complice des deux corps qui se séparent d'un bond.
-Lexi ! Tu...euh...Tu rentres tôt aujourd'hui !
Pathétique. Vraiment. Eteindre la lumière. Sortir. Je m'assied sur le rebord de la fenêtre et colle mon front à la glace. Les gouttes de pluie qui frappent la vitre semblent comme autant de larmes que je ne verse pas. Le ciel s'en charge pour moi. Il a osé. Tom, mon tom. Il m'avait promis que tout était terminé, qu'il ne jouerait plus avec le coeur des filles.Et pourtant, regardez où on en est, maintenant.
Quand on s'est connus, il était celui qui faisait fondre toutes les filles de Berlin et d'ailleurs. Il les utilisait, les humiliait et les jetait sans pitié. Oh, je n'étais pas plus sage, bien sur que non. Constamment cokée, jamais à la maison. A seulement 17 ans, j'avais déjà traîné mes Prada dans toutes les plus grandes boîtes d'Allemagne. On avait tous les deux une très mauvaise réputation, c'est sans doute ça qui nous a réunis. coup de foudre un jeudi soir, au bar de la boîte la plus branchée du moment. Vous connaissez Hell ? C'était notre histoire, avant.
Tom et Lexi. Andrea et Hell. Transposez l'histoire à Berlin, ajoutez quelques trucs, supprimez-en d'autres. Mais surtout, gardez l'intensité de l'amour entre hell et lui. Sans la fin dramatique, c'est un calque de ma vie avec Tom. Les six mois d'amour et d'eau fraîche de Hell ont duré trois ans pour nous. Mais au final, c'est la même merde.
Je suis folle. De rage, de douleur, de jalousie, d'amour. Folle à lier. Folle tout court, peut-être.
Bruit de porte, pas de souris. Je tourne la tête. Elle est là, Elle me fixe, toute gênée. Elle n'est même pas belle, à peine sortie du collège, petite blondinette trop fade dans Son corsage rose. Rougis, va, Tu peux. Je m'approche d'Elle, lentement, et Elle semble fascinée par ma démarche souple de panthère aux aguets.
-Je peux te parler ?
La douceur de ma voix La fait frissonner, je voudrais qu'Elle tremble et s'effondre en pleurant. Elle acquiesce et me suit. Je L'entraîne dans la cuisine, La fais asseoir. Debout derrière elle, je souris à Son reflet, dans le grand miroir. Elle tremble devant mon rictus amer et démoniaque. Mes yeux bleus sont grand ouverts sous l'effet de la rage et de la folie. Je hurle et, L'attrappant par les cheveux, je Lui frappe la tête sur la table avant de La poignarder avec le premier couteau qui me tombe sous la main. Elle n'a pas le temps de réagir, je plante, plante et replante le couteau dans Son corps trop tendre de jeune fille en fleur. Le sang gicle, tache ma robe Courrèges à deux cent mille, mais je m'en fous. Cette immonde charogne sanglante remue encore un peu et je frappe de nouveau. Crève, Salope. Attiré par le bruit, Tom ouvre la porte à la volée. Il s'immobilise, regarde le tas de chair recroquevillé à mes pieds, puis son regard remonte sur moi. Ses yeux ne sont plus que deux énormes pupilles. Coké jusqu'à la moelle, mon Andrea. Il éclate de rire devant mes tremblements de fureur. Je m'avance vers lui, il n'y a aucune peur sur son visage.
-Tu es folle, Lexi.
-De toi, Tom.
-Toujours ?
-A jamais.
Il se penche et m'embrasse.
Je te pardonne, mon amour.