[ OS ] Apocalypse Théâtrale

OS validé par Kami et Atme Weiter.
corrigé par Atme weiter.


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Un décor neutre, digne d'une vieille scène d'un théâtre désaffecté. Tous les personnages sont en scène. Ils pensent. Ils se préparent à jouer l'Apocalypse. Éparpillés à chaque bout de cette scène.

Maintenant intéressons-nous à ces personnes, elles sont là, mais pourquoi ? Le simple fruit du hasard ? Une volonté d'acier ? Par passion, obligation ? Ou bien encore conviction ?
Focalisation externe, dirigée sur Charlotte.
Charlotte c'est la petite maigre qui est assise là bas, et qui ne dit mot. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense que tout à l'heure elle ne sera plus Charlotte mais Apocalypse. Qu'elle va surgir de ce corps frêle et impuissant. Qu'elle va casser son image de petite fille renfermée que personne ne prenait au sérieux. Qu'elle va se dresser seule face au monde, seule en face d'autres personnages de la pièce. Car Charlotte n'est pas seule à jouer.
Mais pour le moment Charlotte pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire, elle s'appelle Charlotte et tout à l'heure sur scène elle devra mourir.
Il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout, même si ça fait mal, même si c'est dur, même si cela lui arrache le cœur chaque fois. Il va falloir.
L'autre jeune femme assise sur sa chaise qu'elle ne quittera que rarement et qui regarde tristement ses pieds à l'autre bout de la scène c'est la meilleure amie de Charlotte, Julie, elle restera pendant toute cette tragédie simplement neutre. Jusqu'à ce que son tour vienne, de se lever et de mourir. Elle n'est d'aucun secours à Charlotte dans cette pièce, car malheureusement, Apocalypse est seule, Hell est seule avec pour seule compagnie sa mémoire et ses souvenirs qui ne pourront rien de plus pour elle.
Ce garçon pâle, là bas, au fond, qui rêve, adossé au mur, solitaire, c'est en quelque sorte le messager. Annonciateur de la mort de Charlotte. C'est pour cela qu'il ne parle pas, il sait déjà. Et cela le déchire tellement, qu'il se retient de déverser sur scène des flots renversants de larmes. Bill aime Charlotte plus que tout, depuis qu'un soir lors d'un petit bal, Bill s'était levé, fixant Charlotte, dont les bras entouraient ses genoux, il était allé la voir et lui avait dit qu'il l'aimait.
Mystères d'un scénario déjà écrit. Ils savent tous déjà la suite, la fin. Tout ce qui s'est passé, et se passera, rien n'est inconnu pour ces acteurs anxieux. Toujours jouer cette même rengaine.
Maintenant que vous connaissez tous les personnages, ils vont pouvoir vous conter leur histoire.

Les personnages sortent un à un de la scène.
L'éclairage de la scène se modifie, la lumineuse Pénombre laisse place à une aurore matinale et audacieuse.

Une porte au fond de la scène s'entr'ouvre. 'Lys arrive. Elle entre sur la pointe des pieds, ses chaussures à talons dans la main, elle reste un instant immobile à écouter le silence.
Elle repense à sa sortie matinale, celle qu'elle vient d'achever, son rituel maintenant, lorsqu'elle n'arrive pas à dormir, ce qui devient si fréquent. Elle s'est promenée, c'était beau. Tout était gris, maintenant, on ne peut plus savoir, tout est déjà rose, jaune ou bien vert. C'est devenu une carte postale bien connue, il faut se lever si tôt pour voir le monde sans couleur.
Julie arrive.

« Je me lève car je n'arrive pas à dormir et je vois que tu n'es plus dans ton lit. Où étais-tu ? »
« Magnifique jardin que nous possédons n'est ce pas ? C'est beau un jardin qui ne pense pas encore aux hommes et au mal qu'ils lui font. »
« Ne te moque pas de moi »

Julie baille en s'approchant d'Apocalypse

« Tu es encore sortie ? Nous t'avons déjà dit, depuis ton retour à la maison qu'il ne fallait pas. »
« Laissez moi profiter de ce qu'il me reste »

Passe son chemin souriant étrangement à son amie.
Apocalypse, se retournant.

« Tu sais, là où j'étais, je n'avais pas réellement l'occasion de voir l'extérieur, surtout de nuit. Et là lorsque je suis sortie dans les champs, c'était mouillé et tout cela m'attendait. Tout attendait. Je faisais beaucoup de bruit seule sur la route et j'étais gênée, parce que je savais que je ne pouvais pas me permettre de déranger la nature dans son sommeil, alors je me suis mise à marcher dans l'herbe pieds nus et ... »
« Va te recoucher maintenant 'Lys je t'en prie, il est 4 heures du matin »
« Je n'arriverai pas à dormir et tu le sais, à quoi bon ? »
« Je te dis ça pour ton bien. »
« Vous dîtes toujours tout pour mon bien ce qui ne m'empêche pas de mourir à petit feu, de me désintégrer chaque fois plus, de l'aimer et d'en crever »
« Quel est le rapport ? Tu es fatiguée 'suffit maintenant arrête tes bêtises »

Apocalypse à part.

« Bêtises bêtises, les seules calomnies présentes ici sont les tiennes et celles de tout ce beau petit monde disant tout faire pour mon bien. Vous auriez dû me laisser crever »

S'énervant

« Laisse moi faire ce que je veux faire. Et ce que je veux c'est mourir »

Julie se retourne brusquement, son petit monde parfait éclate, quelqu'un vient de percer sa bulle, son univers à elle, quelqu'un sans pitié, Charlotte a dévié. Nous ne sommes plus dans la pièce, Charlotte ne joue plus la version moderne d'Antigone, elle s'écarte du scénario.

« Nous avions dis, JAMAIS s'écarter du scénar' Charlotte tu le savais, quoi qu'il arrive on doit jouer jusqu'au bout, tu le sais »


Charlotte baisse la tête, honteuse et en même temps si confuse. Qui avait parlé ? Était-ce le personnage qu'elle incarnait depuis si longtemps, qui prenait le dessus sur son âme.? Ou bien Charlotte en avait-elle assez de souffrir en silence ? Car ce silence là n'était pas d'or et elle le savait, celui-là la ronge depuis bien trop longtemps et bien trop fort pour qu'elle puisse garder tout ça en elle. Dans son cœur meurtri et rongé par les songes. Les cauchemars inavoués et répétés, ces pleurs lui déchirant les entrailles tels des poignards tranchants qu'elle se serait volontairement enfoncé. Non, la petite candide ne savait plus qui elle était. Problème d'identité .
Réalité ou fiction ? Il fallait tout stopper. Charlotte vivait trop la pièce pour continuer à vivre.
Elle en avait assez de faire mourir Apocalypse et de rester en vie. Elle se disait qu'il aurait fallu jouer l'inverse, mais alors elle n'aurait pu le faire qu'une fois ? Une fois de trop.

Les acteurs ont quitté la scène, tristes, ils savent tous que la fin est proche, bien plus qu'ils ne voulaient intérieurement se l'avouer.
Charlotte est solitairement assise sur le trottoir en face du théâtre, elle attend impatiemment Bill. Mais pas éternellement. Elle n'en serait pas capable, son cœur est déjà mort.

« Dis moi Charlotte pourquoi tu pleures ? »

La petite Sarah avait parlé. Cette jeune rose en pleine éclosion ne parlait pas beaucoup, elle se contentait d'observer le monde vivre, elle contrairement et paradoxalement à nous tous ne jouait aucun rôle, elle restait fidèle à elle même, la petite Sarah, l'orpheline peu bavarde et passive qu'on aime. Ces mots touchaient Charlotte, cela lui allait droit au cœur et ses quelques larmes dévalant lentement son fin visage laissaient place à un torrent sans nom.

« Je ne pleure pas ma jolie »
« J'ai donc l'ai si naïve. Ce que je ne suis pas . Je t'en prie dis moi pourquoi tu pleures »

Charlotte respira un bon cou et se libéra. Pourquoi le faire face à une gamine qui ne connait rien de la vie ? Qui ne connait rien de SA vie ?
Peut être pour toutes ces raisons justement.

« Parce que celui que j'aime va partir. »
« C'est tout ? »

Comment ça c'est tout ?

« C'est déjà beaucoup tu ne trouve pas ? Tu es bien trop jeune pour comprendre. Mais je vais tout de même t'expliquer. Tu vois Bill, il m'aime et moi je l'aime, le problème, car il fallait bien que problème il y ai, c'est que Bill n'était au départ venu dans la troupe que pour moi et pour me voir plus souvent, mais voilà, le théâtre n'est pas sa passion et Bill va devoir partir loin, très loin de moi et de mon cœur pour sa passion à lui, la musique. »
« Et tu ne veux pas partir avec lui ? C'est où loin ? »
« Loin c'est dans un endroit où les personnes comme moi ne sont pas autorisées à aller. Dans ce monde je reste dans son ombre à lui et je dois me taire »
« Pourquoi tu n'as pas le droit de parler ? Tout le monde a le droit »
« Oui, mais tu vois Bill a beaucoup de filles qui l'aiment bien et moi si je me montre trop ces filles là n'achèterons plus les cd que Bill fait et dans ce cas là ses chefs ne seront pas contents »
« Ah oui, et la musique c'est sa passion ? »
« Oui »
« Mais il t'aime ? »
« Oui »
« Toi tu l'aime n'est ce pas ? »
« Oh oui plus que tout »
« Alors Apocalypse, meure, comme ça constamment tu sera sans gêner personne dans son cœur »


Sarah se lève alors doucement, dépose un baiser sur le front de Charlotte et disparaît. Trône à présent à l'emplacement qu'occupait l'enfant un petit morceau de verre qui en surbrillance attira l'attention de Charlotte, en l'observant de plus près elle put y voir le reflet de Bill sortant d'un pas nonchalant du théâtre.


Chacun sa fin. Chacun sa faim.

merci. beaucoup pour ton commentaire.

Oh la laaaa...

Cet OS, quel texte !

C'est vraiment... Je ne sais pas comment dire.
Innovant, ça c'est certain, parce que je n'avais jamais lu ça avant.

Et puis, super bien écrit !

J'aime le petit mélange que tu fais entre la pièce et le réel. Ca en devient presque confondant à la fin, et c'est canon.
Ensuite, la petite réflexion sur l'amour à distance est très bien placée. C'est très émouvant comment tu nous décris Charlotte.


Sincèrement, j'ai adoré. Bravo.

encore une fois merci